Fous de danse
Conception : Boris Charmatz

« Si on se retrouvait sur une place vide, comme une page blanche, sans gradins, sans accessoires, sans chapiteaux, juste les corps, pour danser ? Pour remplir l’espace public de signes, de mouvements, de réminiscences, de dépense...
Initié par le Musée de la danse, Fous de danse est une invitation à vivre la danse sous toutes ses formes, à travers toutes ses pratiques.
De 12h à 22h, l’espace public devient le théâtre éphémère d’une communauté dansante : échauffement pour tous, chorégraphies participatives, Soul Train Géant, spectacles, cercles de danses urbaines, fest-deiz, dance floor se succèdent à un rythme effréné.
Il y a de la musique, bien sûr, et il y à voir et à danser. Il y à sentir et à reproduire, à contempler et à explorer. Nous sommes des centaines, à courir, en ligne, à dériver, à sauter, en cercle, comme des pigments, des atomes, des pinceaux, des danseurs-étoiles... »
Gilles Amalvi

Fous de danse est le titre d’une revue éditée dans les années 1980, qui a donné envie de danser à toute une génération de danseurs et de chorégraphes. Cette idée de transport collectif – d’engouement pour un mouvement qui prend les corps et les entraîne – a guidé la conception de cet événement hors-norme, visant à produire un continuum de gestes, de formes et d’intensités dans l’espace public. Alors qu’il est plus que jamais rétréci, aménagé, contrôlé, qu’est-il possible de faire dans l’espace « public » ? Comment le transformer de l’intérieur, y propager une dimension commune ? Peut-être que la danse est un des moyens d’inventer ce nous : un nous remuant, débordant, qui se joue des âges, des classes, des genres, des catégories « amateur » ou « professionnel ». Le désir qui fonde Fous de danse est celui-là : créer une communauté dansante éphémère, investir la surface minérale de l’esplanade Charles-de-Gaulle par la vitalité des corps, la variété des états ; inventer une forme chorégraphique qui se métamorphose dans le temps, et invite le public à prendre part à cette transformation de l’espace et des gestes qui l’habitent.
Le Musée de la danse ne se limite pas pour moi à un lieu, des collections, des œuvres ou des spectacles. S’il est un centre, où la danse est mise à l’épreuve des œuvres, des mots, des images, il est aussi une périphérie, un élargissement de son périmètre. Il n’a de sens qu’ouvert sur le dehors, en prise directe avec ce qu’inventent et transmettent les corps à tous les niveaux de la société. Dans la continuité de cette extension du domaine de la danse, Fous de danse marque le désir d’ouvrir toutes grandes les portes pour promouvoir une exposition vivante, mouvante, ouverte à tous ; une danse qui prend l’air, s’évade, se transmet, qui nous fait passer d’un échauffement à la présentation de soli de danseurs de l’Opéra, de la dépense d’un dance floor à l’énergie du Soul Train Géant où chacun peut prendre part au cortège et improviser son funk personnel. Tout est « sur place » : les ateliers, le fest-deiz, les danses urbaines, Anne Teresa De Keersmaeker... Tout est présent sans ligne de démarcation, sans scène surplombante, sans décor. Peut-être qu’il pleuvra, que le vent, les nuages et le soleil se joindront à la fête. Chorégraphique, météorologique, sociologique, extatique, démocratique ? Fous de danse sera énergique ou ne sera pas.

Boris Charmatz

www.fousdedanse.com

Durée : 10h

Interprétation :

Danseurs professionnels et public

Production : Musée de la danse / Centre chorégraphique national de Rennes et de Bretagne – Direction : Boris Charmatz. Association subventionnée par le ministère de la Culture et de la Communication (Direction Régionale des Affaires Culturelles / Bretagne), la Ville de Rennes, le Conseil régional de Bretagne et le Conseil départemental d’Ille-et-Vilaine.

Créée pour la première fois en 2015 sur l’Esplanade Charles de Gaulle, Rennes, France.

Photo de couverture : © Yann Peucat, Musée de la danse 2016 / Violin Phase (extrait de Fase) de et avec Anne Teresa De Keersmaeker, Fous de danse, Rennes, 2016

  • Fous de danse (September 2017, Volksbühne, Tempelhof, Berlin)
    © Musée de la danse

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