Après 50 ans de danse – œuvre hybride, entre abécédaire des formes de Merce Cunningham et kaléidoscope de gestes récupérés – Boris Charmatz propose un nouvel objet chorégraphique limite : un hologramme perceptif pour 24 danseurs et 25 mouvements. Levée – comme une levée du temps, de la tension du sens, des règles organisant la perception ; un brouillage du regard porté sur la circulation, le passage, l’appropriation de gestes qui dérivent au sein d’un groupe. En une ronde hypnotique, une mosaïque d’actions simultanées glissant de corps en corps, les danseurs cherchent à produire un mirage : une impression subliminale se dégageant d’un enchaînement continu d’états. Ça se compose, se dénoue, se renoue, se condense, s’accumule, forme des noyaux, des lignes, des plis – matière vivante, solitaire et collective, où chaque danseur est « mobile dans l’élément mobile ».
Mais comment ça marche ? Comment ça évolue sans imploser ? Mu par un vide, animé par le décalage entre nombre d’actions et de danseurs, l’agencement s’auto-génère, se recompose – donnant l’impression d’un fondu enchaîné permanent. Exposée à la durée, sans cesse en train de se construire et de se dissoudre, cette structure à géométrie variable mobilise une attention flottante : ensemble choral à contempler d’un seul regard, et chorégraphie composée d’une multitude d’évènements qui s’emboitent, pivotent, se répètent ; danse qui simplement, a lieu, et mécano complexe, en oscillation constante. Avec Levée des conflits, Boris Charmatz invente un « trou de danse » absorbant le regard. Une danse-palindrome, à lire dans tous les sens. Un canon chorégraphique cherchant l’image d’une utopie.
Gilles Amalvi
Levée des conflits a donné lieu au film Levée.
Durée : 1h40 environ
Or Avishay, Matthieu Barbin, Eleanor Bauer, Nuno Bizarro, Matthieu Burner, Magali Caillet-Gajan, Ashley Chen, Julien Gallée-Ferré, Gaspard Guilbert, Peggy Grelat-Dupont, Christophe Ives, Dominique Jégou, Lénio Kaklea, Jurij Konjar, Élise Ladoué, Catherine Legrand, Maud Le Pladec, Naiara Mendioroz, Thierry Micouin, Andreas Albert Müller, Mani A. Mungai, Élise Olhandéguy, Felix Ott, Annabelle Pulcini
en alternance avec Simon Tanguy, Taoufiq Izeddiou, Fabrice Ramalingom, Nabil Yahia-Aïssa, Qudus Onikeku, Annie Hanauer, Hanna Hedman, Alex Mugler, Anne-Karine Lescop, Carlye Eckert, Kerem Gelebek, Stéphanie Landauer, Filipe Lourenço, Banu Ogan et John Sorenson-Jolink
Assistante chorégraphique : Anne-Karine Lescop
Costumes en collaboration avec : Laure Fonvieille
Lumières : Yves Godin
Régie générale : Fabrice Le Fur
Son : Olivier Renouf
Régie lumières : Arnaud Lavisse
Lutherie logicielle : Luccio Stiz
Habilleuse en tournée : Stefani Gicquiaud
Matériaux sonores : Henry Cowell, Conlon Nancarrow, Helmut Lachenmann, Morton Feldman
Amas d’extraits : David Banner, Médéric Collignon Jus de bocse, Miles Davis, Daniel Johnston, Electric Masada, Angus McColl, RZA, Terror squad, Saul Williams, Zeitkratzer
Direction de production : Sandra Neuveut, Martina Hochmuth, Amélie-Anne Chapelain
Production : Musée de la danse / Centre chorégraphique national de Rennes et de Bretagne - Direction : Boris Charmatz. Association subventionnée par le ministère de la Culture et de la Communication (Direction Régionale des Affaires Culturelles / Bretagne), la Ville de Rennes, le Conseil régional de Bretagne et le Conseil général d’Ille-et-Vilaine.
Coproduction : Théâtre National de Bretagne à Rennes, Théâtre de la Ville-Paris/ Festival d’Automne à Paris, Manifesta 8 (Murcia, Cartagena -Espagne-), ERSTE Foundation
avec le soutien de Teatro Maria Matos/Lisbonne, Chassé Theater/Breda, Kunstenfestivaldesarts/Bruxelles
Ce projet reçoit le soutien de l’Institut français/Ville de Rennes
Remerciements : Marlène Monteiro-Freitas, Dominique Jégou, Katja Fleig, Margot Joncheray, Carlos Maria Romero, aux étudiants de la formation en danse HZT (Berlin, promotion 2010), aux résidents du Pavillon, laboratoire de création du Palais de Tokyo, ainsi qu’à toutes les personnes qui ont participé aux différentes étapes de recherche.
Avec une pensée spéciale pour Vincent Druguet et Odile Duboc.
Créé le 4 novembre 2010 au Théâtre national de Bretagne, Festival Mettre en scène, Rennes, France
Photo de couverture : © Nicolas Couturier (g.u.i)